Au fil des siècles, de nombreuses expéditions petites ou grandes, scientifiques ou commerciales, sont parties de Brest sous le commandement du chevalier de Chaumont, de Bougainville, d’Entrecasteaux et de bien d’autres avant et après eux comme en témoigne le bel aide-mémoire que représente le Jardin des explorateurs pour les Brestois.
Depuis leur origine ces entreprises maritimes n’ont cessé d’élargir notre compréhension du monde, stimulant les progrès scientifiques et favorisant les avancées technologiques.
Les « Grandes découvertes »Les « Grandes découvertes » correspondent à la période historique qui s'étend du début du XVe siècle au début du XVIIe siècle. Au cours de ces deux siècles, les Européens se livrent à l'exploration intensive de la Terre, cartographient la planète et établissent des contacts directs avec l'Afrique, l'Amérique, l'Asie et l'Océanie. Les premières expéditionsLa première expédition portugaise composée de quatre navires et menée par Vasco de Gama prend le large en 1497 vers les Indes. Ils sont les premiers Européens à atteindre l'océan Indien en contournant le cap de Bonne-Espérance en 1498 et réalisent ainsi le rêve d'établir une liaison maritime avec l'Inde. |
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De son côté, la monarchie espagnole finance l’expédition du navigateur italien Christophe Colomb qui, en cherchant une nouvelle voie vers l'Asie, traverse l'océan Atlantique et atteint en 1492 un « Nouveau Monde » : l'Amérique. Pour éviter un conflit entre l'Espagne et le Portugal, le traité de Tordesillas (1494) instaure un partage du monde en deux zones d'explorations où chacun des protagonistes aura l'exclusivité des droits sur ces découvertes.
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Les expéditions continuent et les explorations vers l'ouest et vers l'est se superposent. En 1512, Magellan atteint les « îles aux épices » et la Chine, un an plus tard. À l’été 1519, aux côtés de 265 hommes, Magellan prend le départ de la première circumnavigation, c’est-à-dire le premier voyage maritime autour du globe. Il ne fera malheureusement jamais le tour du monde dans son intégralité : le capitaine portugais meurt des suites d’une blessure en 1521 avant la fin de l’expédition. Dans le même temps, les conquistadors espagnols explorent l'intérieur des terres américaines et détruisent les empires amérindiens. À partir du XVIe siècle, les Français, les Anglais et les Hollandais rejoignent la course et contestent le monopole ibérique sur le commerce maritime. Ils participent à l'exploration des Amériques mais surtout à celle de l'Océanie.
L’imprimerie qui apparaît au début du XVe siècle contribue fortement à répandre les récits d'exploration et les cartes de terres lointaines et alimente ainsi la montée de l'humanisme et du questionnement scientifique et intellectuel. Cette expansion européenne mène finalement à la mise en place des empires coloniaux : les contacts entre Ancien et Nouveaux Mondes produisent l'échange colombien, qui désigne le transfert massif entre les hémisphères occidentaux et orientaux de plantes, d'animaux, de populations (dont les esclaves), de maladies infectieuses et de culture. Cette première mondialisation engendre des modifications écologiques, agricoles et culturelles parmi les plus importantes de l'Histoire.
L'exploration européenne continue jusqu'au XXe siècle, date à laquelle on estime que la totalité des terres émergées est cartographiée.
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Les voyages d'exploration scientifique se sont développés en Europe après l'époque des «Grandes découvertes», favorisés par les innovations techniques (théodolite, octant, chronomètre de précision, compas, télescope, etc.) et motivés par l'émergence de nouveaux courants philosophiques et scientifiques (Jean-Jacques Rousseau, Buffon, Charles Darwin, etc.) À partir du milieu du XVIIIe siècle, les expéditions permettent de procéder à des relevés cartographiques, de tracer de nouvelles routes pour le commerce maritime, de découvrir des territoires, des espèces végétales et animales ainsi que des peuples inconnus, de rapporter en Europe des spécimens de plantes et de fruits tropicaux, et de faire progresser certaines disciplines (histoire naturelle, botanique, taxinomie, médecine, géographie, hydrologie, ichtyologie, océanographie, etc.). Ils permirent aussi d'établir des relations diplomatiques et commerciales avec des pays en dehors de la sphère d'influence européenne. |
En 1711, lorsqu’ Amédée-François Frézier, alors ingénieur Officier du génie maritime, reçoit du roi Louis XIV la mission d’espionner les défenses des colonies espagnoles de la côte pacifique de l’Amérique du Sud. Au cours de sa mission, il reconnaît les différents ports, espionne leurs défenses et cartographie le littoral et les courants marins. Esprit curieux, il s’intéresse aux populations qu’il rencontre (les peuples indiens de l’actuel Chili), à la géologie, à la minéralogie et à la botanique. En escale dans la baie de Conception au Chili, il découvre avec intérêt des plants de fraise qui retiennent son attention. Par rapport aux fraisiers sauvages d’Europe, leurs feuilles sont « plus arrondies, plus charnues et plus velues », ainsi qu’il les décrit dans sa Relation du voyage de la mer du Sud aux côtes du Chily et du Pérou, fait pendant les années 1712, 1713 et 1714. Surtout les fruits sont « ordinairement gros comme une noix, et quelque fois « comme un œuf de poule ». Cultivé depuis des siècles par les Indiens Mapuches, le fruit est d’un aspect blanchâtre. Enthousiaste, Frézier décide de ramener des plants en Europe. À son arrivée à Marseille le 17 août 1714, seuls cinq plants ont survécu. Il en garde un et partage les autres entre son armateur, l’intendant du Jardin des Plantes de Paris et le ministre des fortifications. Comme bien des plantes ramenées d’outre-mer et acclimatées dans les jardins botaniques d’Europe, la fraise chilienne reste longtemps à l’état de curiosité scientifique. Les premiers plants cultivés donnent de jolies fleurs mais peu de fruits. La plante sera néanmoins diffusée dans différents jardins européens. En 1739, Frézier est affecté à Brest où il ne manque pas d’apporter quelques plants de fraisiers, cultivés au jardin botanique de l’hôpital maritime. Grâce à des conditions naturelles proches de celle de la baie de Conception au Chili : une rade océanique, un climat tempéré et un sol argileux et granitique, la plante va très bien s’acclimater. Surtout, elle se développe au contact d’une autre fraise ramenée de Virginie (Amérique du Nord) par d’autres voyageurs : la Fragaria virginiana. C’est donc un hybride, (Fragaria x ananassa) qui colonise la presqu’île de Plougastel se substituant à la culture du lin et du chanvre destinés à la fabrication des toiles. Contrairement à la fraise chilienne « blanche », la fraise de Plougastel présente un aspect rouge. D’un arôme goûteux, elle est d’une taille exceptionnelle ce qui explique son succès. |
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Grâce à ses 4 façades ouvertes sur la mer et ses 3427 km de côtes, la France a été le point de départ privilégié de nombreuses expéditions maritimes depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours. À travers de nombreuses découvertes, ces expéditions se sont révélées être fondamentales dans le développement et l’évolution de divers domaines comme la botanique, la cartographie ou encore l’ethnologie. L’apport de ces scientifiques navigateurs a été fondamental et même indispensable pour façonner notre science moderne.
De plus en plus, les campagnes répondent à des préoccupations sociétales comme le changement climatique, la protection de la biodiversité, la pollution en mer, la découverte de nouvelles molécules aux nombreuses applications. Ces témoignages historiques nous prouvent encore une fois bel et bien que notre planète est loin d’avoir livré tous ses secrets et que « l’Aventure continue ! ».
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- l'expédition du Père Tachard au royaume de Siam (1685-1688)