Yroise - Algue

CURIOSITÉ

Collection de plantes marines

 

collection de plantes marines

 

 

Cet alguier porte le titre de Collection de plantes marines recueillies sur les bords de l'Odet et présente 60 espèces de macro-algues séchées. Une étiquette indiquant le nom francisé spécifique, accompagne chaque échantillon, disposé sur une seule page. À la fin de l'ouvrage se trouve une « liste des algologues cités dans la nomenclature », c'est à dire les noms des savants dont les initiales accompagnent les échantillons, ainsi qu'une table des espèces établie d'après le « Botanicon Gallicum de Duby ». La date de septembre 1838 et la localité du « Pérennou » précisent le contexte de réalisation de l'alguier et permettent également de la mettre en relation avec un autre ouvrage, l'alguier de Du Dresnay, conservé à l'Abbaye de Landévennec.

 

Alguier

 

Cet herbier est sensiblement différent de celui d'Agathe de Gourcuff : portant le titre savant de « Collection de Thalassiophytes du Finistère » il se présente sous la forme de deux gros volumes renferment 223 espèces d'algues (avec des doublons, ce qui fait 263 échantillons). Chacun des spécimens est accompagné d'une étiquette présentant deux noms latins suivis des initiales d'algologues, ainsi que la date et la localité précise de chaque prélèvement. On peut ainsi apprécier une étendue de l'échantillonnage du Finistère-Sud à Roscoff, en passant par Saint-Pol de Léon. La constitution de l'herbier s'est étalée entre 1820 et 1827. L'alguier présente également une introduction sur la biologie des algues et la méthode de conservation, ainsi qu'une bibliographie de 24 ouvrages.


Malgré ces différences notables, les deux alguiers partagent cependant des traits communs. L'un deux est leur mise en page, strictement identique : l'échantillon végétal séché et étiqueté est présenté sur du papier blanc, lui-même inséré dans la page bleue de l'ouvrage. Il y a toujours une espèce par page et aucun échantillon en regard. La similitude des deux objets pose la question de la rencontre et de l'éventuelle collaboration entre Agathe de Gourcuff (1818-1857) et Guy-Ambroise du Dresnay (1770-1837). Le deuxième trait commun est le lieu du Pérennou-en-Plomelin. En effet, les sources biographiques de du Dresnay indiquent qu'il connaissait un certain Jean-Félix du Marc'hallac'h (1772-1858), rencontré lors de leurs années militaires, lequel réside précisément au château du Pérennou, sur les bords de l'Odet, fleuve de la région de Quimper. Du Dresnay aurait même offert un « petit recueil d'algues » à l'une de ses filles, Caroline du Marc'hallac'h. D'autre part, les De Gourcuff figurent parmi les familles alliées à celle du château. On peut ainsi supposer que la jeune Agathe de Gourcuff, âgée de 20 ans lors de la réalisation de son herbier, aurait pu rencontrer Caroline du Marc'hallac'h et s'inspirer de son alguier offert par Du Dresnay.

 

Alguier

 

Une autre piste est celle de l'entourage savant de Du Dresnay. En effet sa bibliographie indique qu'après avoir exercé en tant que capitaine de la garde nationale à Saint-Pol de Léon en 1800 puis inspecteur des haras, il s'adonne à la botanique à partir de 1820. Il rencontre ainsi plusieurs savants dont un certain Théophile Bonnemaison (1774-1829), pharmacien de Quimper, avec qui il herborise et dont il classera l'herbier après sa mort. Or Bonnemaison lui-même échange avec d'autres botanistes qui participent au développement de l'algologie, tels Jean-Vincent Lamouroux (1779-1825) ou Carl Adolph Agardh (1785-1859), dont les initiales figurent d'ailleurs dans les herbiers de Du Dresnay et d'Agathe de Gourcuff. En remontant plus encore le réseau savant, on trouve des collaborations entre Agardh et Lamarck (1744-1829), auteur de la théorie du transformisme, lequel travaille avec le botaniste Augustin-Pyrame De Candolle (1778-1841), dont l'un des élèves est Jean-Etienne Duby (1798-1885), auteur du Botanicon Gallicum, utilisé par Agathe de Gourcuff…
 

Une autre piste est celle de l'entourage savant de Du Dresnay. En effet sa bibliographie indique qu'après avoir exercé en tant que capitaine de la garde nationale à Saint-Pol de Léon en 1800 puis inspecteur des haras, il s'adonne à la botanique à partir de 1820. Il rencontre ainsi plusieurs savants dont un certain Théophile Bonnemaison (1774-1829), pharmacien de Quimper, avec qui il herborise et dont il classera l'herbier après sa mort. Or Bonnemaison lui-même échange avec d'autres botanistes qui participent au développement de l'algologie, tels Jean-Vincent Lamouroux (1779-1825) ou Carl Adolph Agardh (1785-1859), dont les initiales figurent d'ailleurs dans les herbiers de Du Dresnay et d'Agathe de Gourcuff. En remontant plus encore le réseau savant, on trouve des collaborations entre Agardh et Lamarck (1744-1829), auteur de la théorie du transformisme, lequel travaille avec le botaniste Augustin-Pyrame De Candolle (1778-1841), dont l'un des élèves est Jean-Etienne Duby (1798-1885), auteur du Botanicon Gallicum, utilisé par Agathe de Gourcuff...

L'alguier d'Agathe de Gourcuff permet ainsi de mettre en évidence les différents maillons d'un réseau naturaliste, à travers plusieurs pratiques d'herborisation, d'échanges et de réalisation d'herbier, entre des acteurs savants « académiques » et amateurs.
 

Alguier

 


Agathe Le Gourcuff, Collection de plantes marines recueillies sur les bords de l'Odet,1838
Brest, Médiathèque François Mitterrand-Les Capucins, MS 114